L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) a souffert de conflits meurtriers qui ont coûté des millions de vies depuis plusieurs décennies. Pour remédier à cette situation et favoriser le développement de la région, plusieurs projets ont été initiés, parmi lesquels l’interconnexion électrique entre l’Ouganda et la RDC se distingue. Ce projet est essentiel pour le développement économique et l’amélioration des conditions de vie locales grâce à l’apport d’une énergie fiable et durable.
Le projet d’interconnexion électrique relie Nkenda en Ouganda à Beni, Bunia et Butembo dans l’est de la RDC via une ligne de 220 kV sur une distance de 396 kilomètres. En février 2022, NELSAP-CU a signé des contrats avec deux entreprises pour la mise à jour de l’étude de faisabilité, la conception détaillée, la préparation des documents d’appel d’offres, ainsi que les études d’impact environnemental et social et le plan d’action de réinstallation.
Les gouvernements de la RD Congo et de l’Ouganda, sous les auspices du NELSAP-CU, ont réalisé en 2013 des études pour l’interconnexion des réseaux électriques de la RD Congo et de l’Ouganda, financées par le gouvernement royal norvégien par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères (MFA) et de l’ambassade de Norvège à Kampala.
NELSAP a achevé l’étude de faisabilité de l’interconnexion électrique Ouganda-RDC en juin 2024, financée par la Banque africaine de développement (BAD) et le NEPAD-IPPF ainsi que de l’Ouganda. Une fois finalisées, ces études permettront de passer à la phase de construction, garantissant un approvisionnement en énergie stable et suffisant pour la région.
Potentiel pour l’agriculture durable
Ce projet représente une opportunité majeure de révolutionner les pratiques agricoles dans l’est de la RDC. En fournissant une source d’énergie stable et suffisante, l’interconnexion électrique permettra aux agriculteurs d’adopter des technologies agricoles modernes, réduisant leur dépendance aux sources d’énergie locales insuffisantes comme les petites centrales hydroélectriques et les systèmes solaires isolés.
Avec l’électricité disponible, les agriculteurs pourront mettre en œuvre des techniques innovantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, telles que l’utilisation du biogaz produit à partir du fumier pour alimenter les tracteurs et générer de l’électricité.
Impact sur le développement économique
Le développement de l’infrastructure électrique aura également des effets significatifs sur l’économie régionale. L’accès à une électricité abordable et fiable stimulera la croissance des petites et moyennes entreprises agricoles, améliorant ainsi les conditions de vie des communautés locales. De plus, l’interconnexion réduira les coûts des tarifs douaniers grâce à l’importation d’une électricité moins chère en provenance de l’Ouganda, augmentant ainsi le pouvoir d’achat des habitants de la région.
Soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) des régions orientales de la RDC
Les petites et moyennes entreprises (PME) de transformation des produits agricoles bénéficieront grandement de cette nouvelle infrastructure dans une région reconnue propice pour des cultures d’huile de palme. Par exemple, les entreprises de transformation des fruits en jus pourront augmenter leur production grâce à un accès continu à l’énergie électrique, évitant ainsi les interruptions fréquentes causées par les pénuries d’électricité. De même, les producteurs d’huile de palme pourront automatiser certaines parties de leur processus de production, augmentant ainsi leur efficacité et leur capacité de production.
Les coopératives agricoles qui transforment des produits tels que le manioc, le maïs et les légumes pourront également utiliser des équipements modernes de séchage et de stockage, réduisant les pertes post-récolte et augmentant la qualité de leurs produits. Cela ouvrira de nouveaux marchés pour leurs produits, améliorant leurs revenus et leur résilience économique.
L’interconnexion électrique entre l’Ouganda et la RDC est bien plus qu’un simple projet d’infrastructure. Elle représente une opportunité unique pour transformer les pratiques agricoles et favoriser le développement durable dans l’est de la RDC.
Ce programme est en effet l’une des deux branches d’investissement de l’initiative du bassin du Nil (NBI), un organisme régional qui rassemble 11 pays partageant le Nil, dont le Burundi, la République démocratique du Congo, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, le Sud-Soudan, le Soudan, la Tanzanie et l’Ouganda. L’Érythrée a le statut d’observateur au sein de cet organisme régional.
Les objectifs du projet NELSAP comprennent un accès accru à l’électricité dans les pays du bassin supérieur du Nil grâce à un meilleur partage transfrontalier de l’électricité. Ces dix dernières années, NELSAP a joué un rôle de pionnier en coordonnant l’expertise technique des gouvernements régionaux et de leurs compagnies d’électricité pour réaliser des études et élaborer des lignes directrices régionales pour l’interconnexion des réseaux nationaux en un point unique.
Avec le soutien d’institutions financières internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD), la KfW (Allemagne), la JICA (Japon) et l’USAID (États-Unis), l’Initiative du bassin du Nil a travaillé sur des projets d’infrastructure hydroélectrique, notamment le projet hydroélectrique des chutes de Rusumo et un système électrique inter-réseaux dans les États des lacs équatoriaux du Nil.
@Par Julien Vikemba
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