Le barrage hydroélectrique de Rusumo, situé à la frontière entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie, représente bien plus qu’une prouesse technique. Ce projet ambitieux, destiné à générer 80 MW d’énergie propre, se profile comme un symbole d’unité et de coopération régionale, promettant une nouvelle ère énergétique pour l’Afrique de l’Est. Chaque pays bénéficiera de 27 MW, une distribution équitable qui garantit une électricité abondante et abordable, réduisant ainsi les coupures de courant et stimulant le développement socio-économique.
Un projet multinational : 44 Ans de coopération
Lancé en 1977 sous l’Initiative pour le Bassin de la Kagera, le projet de Rusumo a été relancé en 2005 par un accord tripartite entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie. Les ministres de l’Énergie de ces trois nations ont sollicité le soutien de l’Unité de Coordination du Projet d’Interconnexion Électrique des Pays des Lacs Équatoriaux du Nil (NELSAP-CU) pour la recherche de financements. La Banque Mondiale, à travers l’IDA, a accepté de financer la construction du barrage tandis que la Banque Africaine de Développement (BAD) s’est chargée des lignes de transmission.
Financement et mise en oeuvre : Un engagement solide
Ce projet colossal, évalué à 460 millions de dollars, a été financé principalement par la Banque Mondiale (340 millions de dollars) et la BAD (120 millions de dollars). NELSAP-CU, mandaté comme maître d’œuvre, a débuté les travaux en 2017. Malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19 et d’autres imprévus, le projet est aujourd’hui à 99,5% achevé. Les deux premières turbines sont opérationnelles, et la troisième est en phase de tests finaux.
La production de 80 MW d’électricité propre apportera un souffle nouveau à l’économie des trois pays. Chaque nation recevra 27 MW, comblant ainsi une part significative du déficit énergétique. Cette énergie stable favorisera la croissance des industries locales, réduisant la dépendance aux sources d’énergie coûteuses et irrégulières.
En Tanzanie, les fonds de développement socio-économique associés au projet ont permis la construction de routes, de centres de santé et d’adductions d’eau. Le Rwanda a utilisé ces ressources pour construire des hôpitaux et des infrastructures sportives, tandis que le Burundi a investi dans des centres de santé et des programmes agricoles et d’élevage.
Le barrage de Rusumo ne se contente pas de produire de l’électricité. Il incarne une vision de développement durable, minimisant l’impact environnemental grâce à des technologies modernes et des plans de relocalisation équitables pour les communautés affectées. En outre, les initiatives de relèvement communautaire financées par des aides techniques et financières assurent une redistribution équitable des bénéfices du projet.
Un modèle de coopération régionale
Ir Alloyce Oduor, Chef du projet. Credit photo JV
Le succès de Rusumo Falls sert de modèle pour d’autres projets régionaux. NELSAP-CU continue de favoriser l’intégration à travers des projets d’interconnexion électrique et d’irrigation, comme le projet Angololo entre l’Ouganda et le Kenya, et la centrale hydroélectrique de Nsongezi entre la Tanzanie et l’Ouganda. Ces initiatives renforcent la coopération et l’intégration régionale, créant des opportunités d’emploi et de développement pour les jeunes et les communautés locales.
Le barrage hydroélectrique de Rusumo est plus qu’une infrastructure énergétique. Il symbolise la détermination et la solidarité des nations africaines à collaborer pour un avenir meilleur. Grâce à ce projet, le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie entrent dans une nouvelle ère énergétique, où l’électricité abondante et abordable pave la voie à une croissance durable et inclusive. Le projet de Rusumo est une preuve éclatante que, malgré les défis, l’unité et la coopération peuvent transformer les rêves en réalités tangibles.
@Par Julien Vikemba
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